Si vous la rencontrez
bizarrement parée
Traînant dans le ruisseau
un talon déchaussé
Et la tête et l'oeil bas
comme un pigeon blessé Monsieur,
ne crachez pas de juron ni d'ordure
Au visage fardé
de cette pauvre impure
Que déesse famine
a par un soir d'hiver
Contrainte à relever
ses jupons en plein air
Cette bohème là,
c'est mon bien,
ma richesse
Ma perle,
mon bijou,
ma reine,
ma duchesse...
La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Les yeu cernés
Par les années
Par les amours
Au jour le jour
La bouche usée
Par les baisers
Trop souvent, mais
Trop mal donnés
Le teint blafard
Malgré le fard
Plus pâle qu'une
Tâche de lune
La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Les seins si lourds
De trop d'amour
Ne portent pas
Le nom d'appas
Le corps lassé
Trop caressé
Trop souvent, mais
Trop mal aimé
Le dos vouté
Semble porter
Des souvenirs
Qu'elle a dû fuir
La femme qui est dans mon lit
N'a plus vingt ans depuis longtemps
Ne riez pas
N'y touchez pas
Gardez vos larmes
Et vos sarcasmes
Lorsque la nuit
Nous réunit
Son corps, ses mains
S'offrent au miens
Et c'est son coeur
Couvert de pleurs
Et de blessures
Qui me rassure
PAR TONTON LEON